JEAN BOUCHET
En 1984, je découvre l’alpinisme et l’escalade grâce au Club Alpin de Grenoble, deux ans plus tard, âgé de 16 ans, un guide employé par cette structure me prend en sympathie et me fait une proposition incroyable que j’accepte bien sûr immédiatement : je le suis , porte le matériel collectif et aide ses clients et en échange, il m’emmène gratuitement dans les courses dont il s’est fait une spécialité , les grandes voies d’escalade classiques des Préalpes calcaires.
Rapidement , il me confie la gestion d’un ou deux clients que j’emmène en cordée autonome sous sa responsabilité.
Je songe naturellement à devenir guide à mon tour même si ce rêve me paraît à l’époque insensé et hautement irréalisable car je n’ai finalement que peu d’expérience dans les nombreux domaines de l’alpinisme .
Je m’exile trois années dans un des coins les plus sauvages du Vercors SW et deviens Accompagnateur en 1989. J’exerce ce métier avec grand plaisir car j’ai un intérêt personnel pour tous les aspects de la vie en moyenne montagne, les arbres, les fleurs, les traces d’animaux, les oiseaux et les rapaces .
En 1992, dans une haute paroi du massif du Dévoluy , je fais une double rencontre fortuite qui allait être déterminante pour la suite de mon destin : des voleurs vandalisent et crèvent les pneus de la voiture de mon camarade de cordée et font le même sort à la voiture de la cordée voisine qui évoluait dans la même paroi que nous. Obligés de s’attendre pour nous entraider, cela me permet de rencontrer et sympathiser avec Nicolas Lauras, qui allait devenir au fil de nos aventures un véritable grand frère de montagne. Nicolas s’avère être un grimpeur de mixte exceptionnel ainsi qu’un skieur de couloir à l’aise là ou je n’osais même pas envisager à l’époque de mettre mes spatules …
Ensemble, nous réalisons des centaines de courses et autres enchainements majeurs et divers à travers toutes les Alpes, puis tout naturellement, nous devenons guides tous deux en 1996, métier que j’exerce depuis à plein temps, d’abord dans les Ecrins et les Alpes du sud puis un peu partout dans les Alpes suisses et italiennes en essayant de ne presque jamais répéter la même course afin de garder toujours vive la passion et l’envie de retourner la haut .
En 1997, je découvre une nouvelle envie et franchis un nouveau cap, je m’oriente vers les voyages lointains et destinations froides .
Aujourd’hui après plus d’une trentaine de voyages d’exploration et de réalisations majeures dans une vingtaine de pays (Norvège, Spitzberg, Patagonie, Nouvelle Zélande, pays d’Europe de l’Est, Groenland, Géorgie du sud, Antarctique, Île de Baffin, pays d’Afrique, Népal, etc ..), dans des lieux souvent improbables et toujours éloignés des destinations classiques proposées par les agences à la masse des consommateurs, je me considère comme un véritable petit artisan du voyage d’aventure en montagne à dimension humaine.
La réussite de belles courses dans les Alpes ou ailleurs ne constitue pas mon seul objectif, j’aime avant tout être aux cotés de personnes qui apprécient de belles relations humaines basées sur des échanges d’expériences et des écoutes mutuelles.
J’ imagine, conçoit et concrétise totalement seul et sans aucun intermédiaire chacun de mes projets. Mais chaque personne qui le souhaite, dans la mesure de ses envies ou compétences, est la bienvenue pour apporter ses remarques et suggestions.
Cela permet de créer des liens solides qui permettront des réalisations inenvisageables autrement.
Ayant le privilège d’être encore passionné par mon métier, j’ai accumulé une immense expérience dans le domaine du ski de montagne sous toute ses formes : raids, randonnées, expéditions et pentes raides. Je sais exploiter au maximum le potentiel alpin de n’importe quel massif, avec un minimum de prise de risque.
Grand écumeur de toutes les belles courses d’arête des Alpes durant la saison estivale, j’ai aussi parcouru environ 2800 courses en amateur et en professionnel dans les domaines les plus variés que peut offrir la pratique de l’alpinisme.
Genèse de l’histoire qui explique la raison de tous ces voyages d’exploration par voie maritime :
Comme expliqué au dessus, un jour de 1996, je me suis retrouvé diplômé guide, le rêve était désormais derrière moi, j’étais heureux d’avoir un métier, de pouvoir vivre et partager ma passion mais il me manquait désormais un nouveau rêve après lequel courir : il fallait que je retrouve quelque chose qui allait me combler l’esprit et remplir ma vie comme les dix années qui venaient de s’écouler …
Alors que je n’avais que très peu de connaissances géographiques, je décidais alors de voyager et comme premier voyage, je pris un aller simple pour la Patagonie avec mon cher camarade de cordée habituel .
Alors que nous étions tous deux depuis plusieurs jours à attendre dans un grotte de neige le rétablissement des conditions météo pour pouvoir continuer à grimper, et parlant un peu de tout pour tuer le temps avec mon ami, celui ci me demande si je connais l’histoire de « Damien » ….
A l’époque, cette histoire m’a tant captivée, que je peux affirmer aujourd’hui que c’est elle qui a conditionné la réalisation de tous mes voyages et aventures exotiques qui ont suivis :
Cette histoire, c’est celle de deux hommes liés par une amitié indéfectible et qui dure encore malgré l’éloignement physique .
C’est celle d’une aventure initiatique d’exploration à la voile si incroyable que si elle était réalisée encore aujourd’hui avec les moyens d’époque, on crierait à la supercherie ou la mythomanie, en tous cas, elle défraierait la chronique..
C’est aussi l’histoire familiale et douloureuse d’un enfant qui n’a jamais grandi mais qui a conduit le principal protagoniste de cette aventure au long cours à se réaliser dans cette vie hors -norme …
Elle débute en 1962, lorsque Jérome et Gérard font connaissance et sympathisent sur les bancs d’un lycée grenoblois ….
Ces deux jeunes (16 et 17 ans à l’époque) ne sont pas très motivés par la perspective de suivre des études et de travailler, ils désirent s’extraire du système dont ils se sentent un peu les otages , mais ils ne savent pas comment et par quel moyen parvenir à leur fin …
Ils décident alors de construire un bateau, ultime moyen selon eux qui pourra leur offrir toute la liberté à laquelle ils aspirent .
Sans connaissance du milieu de la voile, sans argent et sans sponsor, ils parviennent tout de même au bout de 5 ans à construire un petit voilier en bois de 10m qu’ils nomment « Damien » .
Ils partent de la Rochelle en 1969 et réalisent en 5 ans un périple absolument incroyable eu égard à leur inexpérience et leur matériel totalement inadapté à ce qu’ils entreprennent et surtout réussissent …
Voici quelques repères : ils montent d’abord en Norvège, puis au Spitzberg , ils touchent le 80 ° de latitude Nord, ils redescendent en passant par la Groenland puis remontent l’Amazone où ils passent six mois en compagnie des Indiens, ils franchissent ensuite le cap Horn pour revenir vers la Géorgie du Sud où une tempête leur fait entrevoir leur dernière heure. Damien démâté et à moitié détruit, ils parviennent à rallier le Cap en Afrique d’où ils réparent durant six mois et repartent pour traverser l’océan Indien, de là, nostalgiques du froid et de la navigation dans les glaces, ils gagnent l’Antarctique et sont les premiers sur une embarcation aussi frêle à franchir le cercle polaire, ils reviennent encore en Géorgie du Sud qu’ils ont appris à aimer et regagnent enfin la Rochelle …
Arrivés en France , ils ne sont plus les gamins rêveurs et inexpérimentés de la fin des années 60, ils sont désormais reconnus et hautement respectés dans le monde de la voile, mais peu leur importe, Jérome ne pense qu’à retrouver l’ambiance du grand sud dont il s’est farouchement épris .
Il construit Damien II en acier, plus grand, plus solide et adapté a la navigation dans les glaces, capable d’accueillir une famille qu’il souhaite fonder grâce à Sally qu’il a rencontrée lors de son tour du monde .
En 1975 , il quitte définitivement la France et ne reviendra plus jamais y habiter, il hiverne Damien II en 1979 et reste seul avec Sally, prisonniers volontaire des glaces durant onze mois, jusqu’à ce qu’un bateau brise glace et ravitailleur de base ne leur ouvre un passage qu’ils utilisent pour regagner la Géorgie du Sud, c’est là que Sally enceinte accouche de son premier enfant, Dion qui passera les dix premières années de sa vie sur le bateau avec les animaux antarctiques comme compagnons de jeu …
Après mon retour en France, gonflé de ces nouveaux projets et horizons qui consistaient à explorer des massifs montagneux inconnus seulement accessibles par la mer, j’ai décidé d’entreprendre une prospection dans les ports français dans l’espoir de faire connaissance avec un marin aventureux afin qu’il m’initie à son monde en échange de l’initier au mien, de nombreuses et belles rencontres aboutirent mais qui me conduisaient surtout vers l’hémisphère nord, je n’arrivais pas à accéder au but que je m’étais fixé dans notre grotte de neige sous le Fitz Roy, celui de gagner et explorer un jour les montagnes de Géorgie du Sud ….
Les années filaient et la perte de cet espoir semblait pointer son nez, jusqu’ a ce que, un jour de 2010, je fais la rencontre d’un skipper qui croisait dans le Grand sud, je lui demande alors s’il serait motivé pour monter un projet de ski-d’exploration dans les canaux de Patagonie, celui ci me répond que ça ne l’intéresse pas mais qu’en contrepartie, il a aussi un rêve qu’il n’a jamais pu réaliser, celui d’aller en Géorgie du Sud …
C’est alors un merveilleux espoir qui s’est réveillé et j’ai donc entrepris de monter ce projet qui a encore mis 18 mois à aboutir, une lente gestation .
Nous avons donc pu réaliser une fantastique expédition de 45 j en 2012 , nous avons traversé l’île du S-N et de fjords en fjords avec bien sûr quelques difficultés et de grands moments de doutes et de solitudes ….
Au retour de notre traversée en bateau jusqu’à son port d’attache des Malouines, nous nous amarrons près d’un autre navire dont le capitaine, debout sur le pont, attire irrésistiblement notre attention. Et pour cause, il s’agit de Dion le fils de Sally et Jérome Poncet, le seul être humain connu à être né sous ces hautes latitudes…
Dion nous présente son bateau, nous parle de son métier de marin, et une fois rentré en France, me met en relation avec son père Jérome, le légendaire skippeur de Damien. C’est donc aujourd’hui avec lui que nous avons l’immense chance d’embarquer lorsque nous nous rendons vers les contrées sauvages du grand sud …
Jérome est une figure, une légende à lui tout seul, il a plaisir à transmettre ses connaissances et raconter sa vie de navigateur-explorateur-aventur
Jean Bouchet immatriculé au registre des opérateurs de voyages et de séjour ( Atout France ) sous le N° IM074150014